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Le château de Labourdonnais

Ajouté le Lundi 08 mars à 00:00 par David
Revu le Mercredi 02 mai à 00:00 par maposi

Cet à article est au sujet de : Le château Labourdonnais

Thématique :

Auteur : Gustave Rey

Résumé :
Causerie donnée à la Société de l'histoire le 14 novembre 1970 par M. Gustave Rey

Contenu :
Le château de LABOURDONNAIS
Gustave REY
14 NOVEMBRE 1970

Tout d'abord je dois remercier M. Guy Rouillard pour m'avoir passé la plaquette qu'il a publiée et qui s'intitule « La Sucrerie de Labourdonnais », notes historiques, ainsi qu'un livre très intéressant « Wiehe Family Records » par H. Barlow.

Quelques dates a retenir : 1777, la concession Trêhouart - ('emplacement actuel de Ia sucrerie faisait partie de cette concession. La 2ème date, 1814. La sucrerie est alors érigée par Jean-Baptiste Germain. En 1821 elle est vendue M. de Chasteigner-Dumée. En 1847, Henri Adam & Co. achètent la propriété la mort de M. Dumée et en 1848, elle est revenue a Mesdames Bourgault du Coudray et Aubin. A la mort de M. Bourgault, ses filles, dont l'une, Emilie, a épousé Christian William Wiehe, deviennent propriétaires. M. Christian Wiehe prend alors la direction de la propriété, qui restera, jusqu'à nos jours, dans les mains de la même famille.

Et voila ce que nous dit un extrait de procès-verbal lorsque M. de Chasteigner-Dumée achète la propriété en 1821 : « <i>La dite habitation, sur laquelle M. et Mme. Jean Baptiste Germain ont fait construire de leurs deniers, et sans emprunts, plusieurs des bâtiments y existant dont :
1o Un bâtiment de 35 pieds carres en charpente couverte de paille, renfermant un moulin a manage, compose de 3 cylindres en fer, avec 4 chaînes en fer pour atteler les bœufs de la sucrerie.
2o Un bâtiment en maçonnerie servant de sucrerie, de 50 x 35 pieds, contenant 4 chaudières montées, cuillers, écumoires, cuves et barriques, formes sucre, et autres objets de la sucrerie.
3o Trois charrettes, jougs et chaînes.
4o Une cloche montée.
5o Six outils de tonnellerie et ustensiles aratoires, arbres de moulins. 6o Quarante bœufs de mange et de charrois.
7o La dite habitation, etc …</i>»

Mais nous verrons plus tard que ('habitation, dont pane ce procès-verbal n'est pas cette magnifique maison où nous sommes réunis aujourd'hui.

Nous parlerons tout d'abord du verger. Le verger a été crée par M. Christian Wiehe, cela, sans doute, dans les années 1850. Le verger fut crée sous la direction de M. Payet, que M. Christian Wiehe fit venir de la Réunion à cet effet, et je puis vous donner quelques renseignements sur le verger, tel qu'il est constitue, et vous dire qu'aujourd'hui le verger comprend a peu près 450 manguiers, avec une cinquantaine de variétés, et couvre 15 arpents. Il est intéressant aussi de noter que dans les années 1850 plus de cinquante variétés de mangues, dont une quarantaine provenant de la Réunion et de l'Inde, furent greffées dans ce verger.

Je voudrais maintenant vous donner quelques extraits de « Ramble Round Mauritius » par G. Clark, qui a été publie en 1855 et qui nous donne une très bonne idée de ce qu'était la propriété a cette époque :
« <i>At about 11 miles from Port Louis, may be seen one of the finest estates and most admirable plants of a sugar factory in the colony. This is "Labourdonnais", the domaine of Christian Wiehe Esq., one of the first in Mauritius, if not the first in which sugar was produced by the vacuum pan. Everything concurs to render a visit to the estate pleasant to the traveller.

The plantation laid out with great judgement, and cultivated with the greatest skill, the well-kept roads shaded with trees, the comfortable lodgings, the happy appearance of the labourers, the splendid stables with numerous mules in the finest condition, the well-kept garden, producing the finest fruits and vegetables to be seen in the colony. The sugar house and a mansion, worthy of the whole, combine to render Labourdonnais one of the most attractive estates of the colony. An elephant, the only one in the colony, is kept there. He was brought to this island, when quite young, about 20 years ago, and has been for the last 15 years located at Labourdonnais, where he leads a very easy life. </i>»

Et nous voici en 1861. Je vous lis un extrait de ce qui a paru dans la Revue des Deux Mondes, sous la plume de Louis-Laurent Simonin :
« <i>L'île Maurice et la Société Mauricienne »
« Peu de sucreries pressentent, dans les colonies, une aussi heureuse disposition que celle de Labourdonnais, décorée a juste titre du nom de sucrerie modèle. Peu d'habitations coloniales offrent une plus splendide installation que la villa attenant à l'usine. Construite dans un style emprunte mais où on a su tenir compte des exigences, des habitudes des pays tropicaux, la villa de Labourdonnais développe majestueusement ses 4 façades, ornées dune double galerie. Après nous avoir fait visiter son usine dans tous ses détails, le maitre du logis, M. Wiehe, nous conduisit dans de magnifiques jardins. M. Wiehe nous montra aussi son part aux biches, où une trentaine de ces gracieuses bêtes, prises dans l'ile même, étaient assises paisiblement. Nous rencontrâmes a la sortie de Labourdonnais, un majestueux éléphant appartenant a la propriété </i>».

Il faut situer la construction de la grande maison de Labourdonnais en 1858, et elle fut construite par les soins de M. Rampan, Architecte, qui construisit la première église de Ste Thérèse a Curepipe.

Et je pense que vous voudrez. sans doute, que l'on parle quelque peu de ('architecture coloniale. Voici la description dune villa, qui pourrait bien être une des nôtres : le rez-de-chaussée était surélevé, cette surélévation avait un double but, celui d'éviter les inondations et celui d'aménager une meilleure aération de la maison. En façade, une véranda protégeait de la chaleur et de l'ardeur. Les plafonds atteignaient conçues a la même échelle : une fois ouvertes. elles laissaient s'engouffrer l'air, qui pénétrait partout. Les chambres donnaient de plain-pied sur la véranda, et des pavillons construits a proximité procuraient des espaces habitables additionnels.

Je m'arrête ici pour vous dire que nous sommes en Louisiane au 18éme siècle. Un siècle plus tard, dans cette même partie du monde, le style classique s'implantait, et ('architecture créole, puisqu'en Amérique elle porte ce nom (chez nous on l'appelle plus volontiers coloniale) produit des chefs-d'œuvre qui ne sont pas sans ressemblance avec la villa que nous avons le plaisir de visiter aujourd'hui. M. Simonin, en 1861, l'appelle un style emprunté d'Italie il est Clair qu'au 19eme siècle l'architecture classique exerçait une grande influence de par le monde. Ce n'est donc pas étonnant que chaque pays fait adapter a ses besoins. Que nos varangues aient une certaine ressemblance avec la loggia italienne, rien d'extraordinaire.

Une expression telle que argamace. employée chez nous pour décrire la toiture plate recouvrant les varangues, nous vient-elle des pays arabes. où cette expression est consacrée. Un peu plus tard, a Peyrébère. vous verrez une construction peu orthodoxe. Est-elle inspirée de la cathédrale de Ravenne. où la voute a été construite selon les mêmes principes, je ne le crois pas. Notre architecture coloniale, si elle a des ressemblances ailleurs, a été conçue pour notre climat, pour nos besoins. Avant tout, elle s'est merveilleusement adaptée à nos campagnes, aux grands espaces verts où elle s'est implantée avec bonheur et harmonie.

Avant de terminer, a propos toujours de la villa, je voudrais mentionner que le mobilier du salon et celui de la chambre sont français, et que mobilier de la salle à manger est anglais. La ferronnerie est de chez Ducel à Paris. Également je voudrais, puisque aujourd'hui nous sommes les hôtes de la famille Wiehe, vous parler très brièvement de l'origine de cette famille a file Maurice. Tout d'abord, celui qui s'établit pour la première fois est John Jacob Wiehe. II est né à Copenhague et il est venu a Maurice autour de 1793. Il épousa Louise Vigoureux de K/Morvan en 1810. Il eut 4 fils et 6 files. Il mourut A Maurice en 1832, et nous parlerons tout de suite de William Christian Wiehe, Nina des fils de John Jacob, ne en 1808, mort en 1878, membre du Parlement, président de la Chambre d'Agriculture, président de la Société Royale des Arts et des Sciences. Son nom est aujourd'hui inscrit sur la colonne Lignard. Et je vous rappelle que c'est lui qui créa, avec la collaboration de M. Payet, le verger de Labourdonnais, et fit construire la villa que je vous invite maintenant a visiter.

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